Informé de la forfaiture de Desfontaines, Voltaire se met (enfin!) en action pour réparer ce qui peut l'être. La plupart de ses courriers de septembre et d'octobre 1735 témoignent effectivement de cette volonté. En voici quelques extraits :
l'abbé Desfontaines |
A Thiériot, un ami commun aux deux adversaires :
A Cirey, le 24 septembre.
Je suis si
ennuyé que je n’ai pas la force de m’indigner contre l’abbé Desfontaines. Mais
vous, qui avez de l’amitié pour moi, et qui savez ce que j’ai fait pour lui,
pouvez-vous souffrir la manière pleine d’ingratitude et d’injustice dont il
parle de moi dans ses feuilles? (...) Cependant il m’est important qu’on sache la vérité, et je vous
prie d’engager, soit l’abbé Desfontaines, soit le Mercure, soit le Pour et
Contre, à me rendre en deux mots cette justice.
Au même, le 4 octobre :
Quelle fureur
possède cet homme, qui n’a d’idées dans l’esprit que celles de la satire, et de
sentiments dans le coeur que ceux de la plus lâche ingratitude? Je ne lui ai
jamais fait que du bien, et il ne perd aucune occasion de m’outrager. Il joint
les imputations les plus odieuses aux critiques d’un ignorant et d’un homme
sans goût.
A M. L'abbé d'Olivet.
A Cirey, par Vassy en Champagne,
ce 4 octobre.
(...)Il y a dans Paris un homme
beaucoup plus brûlable: c’est l’abbé Desfontaines. Ce malheureux, qui veut
violer tous les petits garçons et outrager tous les gens raisonnables, vient de
payer d’un procédé bien noir les obligations qu’il m’a. Vous me demanderez
peut-être quelles obligations il peut m’avoir. Rien que celle d’avoir été tiré
de Bicêtre, et d’avoir échappé à la Grève. On voulait, à toute force, en faire
un exemple.
A M. L’abbé Asselin.
A Cirey, par Vassy, 4 octobre
1735.
Vous voyez, monsieur, ce qui
arrive de cette impression malheu-reuse. Voyez si vous êtes intéressé à
repousser la calomnie. Voilà l’abbé Desfontaines, un homme qui me doit tout, à
qui j’ai sauvé l’honneur et la vie, que j’ai tiré de Bicêtre, dont j’ai fait
suspendre le procès criminel, et qui, depuis ce temps-là, n’a jamais eu à se
plaindre de moi; voilà, dis-je, ce même homme qui dans ses feuilles ose dire
que la tragédie que vous avez fait jouer est une pièce contre les bonnes
moeurs!
A M. L’abbé Asselin.
A Cirey, 24 octobre.
Pourquoi veut-il toujours s’acharner à me piquer et à me nuire?
Est-ce là ce que je devais attendre de lui? Je vous prie, monsieur, de joindre
à vos bontés celle de lui parler. Il a trop de mérite, et j’ose dire qu’il m’a
trop d’obligations pour que je veuille être son ennemi. Pour vous, monsieur, je
n’ai que des grâces à vous rendre, et je vous se-rai attaché toute ma vie, avec
toute l’estime et toute la reconnaissance que je vous dois.
Pressé de toutes parts, Desfontaines accepte de faire amende honorable en donnant à ses lecteurs les précisions qui suivent (en novembre 1735) :
L'armistice semble donc signé. Mais la trêve sera de courte durée. Désormais, et même s'ils n'en montrent encore rien, Voltaire et Desfontaines sont devenus des ennemis acharnés...
(à suivre)
(à suivre)
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