jeudi 24 février 2011

Se promener à Paris au XVIIIème siècle (1)

Conçue au XVIIème siècle comme une pratique ritualisée, la promenade de civilité s'attache à des espaces définis (les jardins publics), pensés et destinés à cet usage.
Au siècle suivant, la pratique de la promenade s'enrichit de significations nouvelles, souvent mentionnées dans les traités de civilité qui nous sont parvenus. Désormais, puisque les comportements doivent révéler le caractère de l'homme (voir l'article "civilité" dans l'Encyclopédie), on peut envisager de nouvelles manières de se promener, plus vraies et plus sincères que par le passé.



Si le rituel de la promenade de civilité est critiqué, celle-ci n'en demeure pas moins nécessaire. Mais elle apparaît désormais comme un acte de divertissement ou de loisir, et on insiste souvent sur son caractère récréatif. Ainsi, dans son "
Traité du vrai Mérite", Le Maître de Claville intègre la promenade dans le chapitre intitulé "de l'utilité, du choix et de l'usage des plaisirs". Il la considère notamment comme un remède contre les plaisirs oisifs tels que le jeu. A noter qu'au milieu du siècle, personne ne remet encore en cause le principe de la promenade urbaine. Il faudra attendre Rousseau, une vingtaine d'années plus tard, pour que la campagne devienne le cadre rêvé pour la promenade d'agrément. En somme, si la promenade de civilité continue d'exister, on peut désormais marcher seul (et plus en compagnie) dans les jardins publics sans participer à ces rituels collectifs de sociabilité mondaine.



La pratique de la promenade prend également une autre dimension, héritée de l'antiquité grecque : celle d'un acte hygiénique, bénéfique à la santé, et accessible à tous. Au XVIIIème siècle, tout un courant médical s'approprie cette pratique pour la charger de cette signification nouvelle. Ainsi , le médecin Andry de Boisregard explique (en 1741) que "la promenade ... aide à cracher, elle fortifie l'estomac, elle empêche les aliments de s'y aigrir, elle détourne les eaux qui ont coutume d'accabler la tête, elle détache le sable des reins, elle affermit les membres tremblants, elle dissipe les ventosités, elle éclaircit les yeux et dégage le cerveau." De nombreux médecins prescrivent donc la promenade comme un exercice ordinaire dans un régime de santé. Le célèbre docteur Tronchin donne même le conseil suivant, encore actuel : " Menez une vie plus active, toute sorte d'exercice est bon."


Nous reviendrons dans un autre article sur les principaux lieux de promenade à Paris.

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