Situé à l'ouest de Paris, le Cours de la Reine (ou Cours-la-Reine) permet de mieux comprendre comment on conçoit la promenade de civilité au XVIIème siècle. En 1778, le Dictionnaire de l'Académie définit le Cours comme un "lieu agréable, destiné ou choisi ordinairement auprès des grandes villes, pour s'y promener en carrosse."
D'emblée, le mode de déplacement (le carrosse) met en évidence le caractère discriminatoire du lieu. D'autant qu'à l'est comme à l'ouest s'élèvent des grilles placées sous la surveillance de portiers. N'entre donc pas qui veut !
La position excentrée du Cours-la-Reine en fait par ailleurs un lieu fermé à la ville (contrairement aux promenades des boulevards).
Composé de trois allées d'arbres, long de 1813 mètres, large de 38, dans son allée centrale, le Cours reçoit cinq carrosses de front. Au milieu de l'allée, à l'endroit dit de "la demi-lune", les cochers peuvent faire demi-tour et repartir en sens inverse. Comme l'explique La Bruyère dans les Caractères, "l'on y passe en revue l'un devant l'autre : carrosse, chevaux, livrées, armoiries, rien n'échappe aux yeux." Au XVIIème, le Cours-la-Reine est l'un des centres où se pratique la déambulation mondaine, comme l'explique Laurent Turcot dans son ouvrage "Le promeneur à Paris au XVIIIème siècle". Si l'honnête homme ne s'y déplace pas à pied, l'espace est pourtant ouvert aux piétons, autant dans l'allée centrale que dans les contre-allées.
Progressivement, au XVIIIème, le Cours-la-Reine perd pourtant de son intérêt pour la bonne société : peut-être parce qu'il n'est pas assez ouvert sur la ville ; peut-être parce que le public n'y est pas assez mêlé ; peut-être parce que d'autres formes de promenade s'imposent petit à petit...
Dans un prochain article, il nous faudra reparler des jardins parisiens.
Composé de quatre allées d'arbres, le Cours la Reine avait une longueur de 674 toises, c-a-d 1313 mètres. Quant à la largeur de la promenade, elle devait être, à peu de chose près, celle de l’actuelle qui mesure 74 mètres, en tenant compte des fossés aujourd'hui comblés. Le Cours pouvait recevoir six carrosses de front. (Source : Le Mois littéraire et pittoresque. 1914/06.)
RépondreSupprimerBonjour, je n'ai pas tout à fait les mêmes chiffres. Pour l'anecdote, les miens sont extraits de l'ouvrage de Laurent Turcot le promeneur à Paris au XVIIIè. Concernant les "3 allées d'arbres", j'aurais dû écrire "3 allées", donc 1 allée centrale et 2 contre-allées (me semble-t-il ?)
RépondreSupprimer