C'est à la fin du XVIIème siècle qu'on décide d'aménager des remparts depuis la porte Saint-Antoine jusqu'à celle de Saint-Martin, puis jusqu'à celle de Saint-Honoré, pour en faire un lieu de promenade : une allée centrale d'environ 20 mètres de large, entourée de deux contre-allées de 7 mètres. On décide progressivement de paver l'allée et d'y planter des arbres, suivant en cela le modèle des grands jardins parisiens. Le pavage s'étendra bientôt de la rue Louis le Grand à la porte Saint-Martin (soit sur un quart de l'arc des boulevards du nord de Paris).
Des bancs de pierre sont posés "pour l'agrément et la commodité", c'est à dire pour s'asseoir, faire la conversation et regarder les autres se promener. En 1776, le bureau de la ville introduit des chaises, comme dans le jardin des Tuileries et celui du Luxembourg. Cette chaise se loue, et elle permet donc de marquer la condition sociale du promeneur. En effet, leur présence répond aux besoins des classes sociales les plus riches, désireuses d'exposer leur aisance financière aux yeux des Parisiens. L'espace réservé à ces chaises se situe exclusivement le long des contre-allées, alors que la Grande Allée reste le domaine exclusif des carrosses. L'usage des bancs demeure évidemment libre et gratuit.
Contrairement aux Tuileries ou au Cours-la-Reine, on peut arpenter les boulevards en soirée. En effet, les illuminations réalisées par la ville (des réverbères à huile à partir de 1783) permettent aux badauds de déambuler en toute sécurité. En été, pour éviter les nuages de poussière dans les contre-allées, on procède (à l'aide de tonneaux) à un arrosage régulier.
Pour éviter que les promeneurs ne croisent les charrettes et les tombereaux, la police décide que la matinée sera consacrée au ravitaillement et la municipalité ordonne que les "gens de pied" auront la priorité sur "les équipages".
Dans le dernier quart du siècle, on associe à la fonction récréative une fonction urbaine. Désormais, la promenade est ouverte sur la ville et des permissions sont données pour y ouvrir des portes cochères.
Dans son "Tableau de Paris", L. Sébastien Mercier décrit les boulevards de la façon suivante : " c'est une promenade vaste, magnifique, commode, qui ceint pour ainsi dire la ville : elle est de plus ouverte à tous les états..."
Ce dernier détail est essentiel, en cela qu'il différencie les boulevards des jardins publics.
Nous aurons l'occasion d'y revenir.
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