jeudi 3 mars 2011

Se promener à Paris au XVIIIème siècle (4)

Désignées autrefois comme les "advenues des Tuileries", les allées qui prolongent le jardin des Tuileries ne deviennent les "Champs-Elysées" qu'en 1709. Contrairement au Cours-la-Reine tout proche, fermé de deux grilles, les Champs-Elysées apparaissent avant tout comme une voie de circulation permettant de relier Paris à Versailles. Dès le XVIIème siècle, à l'initiative de Le Nôtre, on décide de planter d'arbres la partie à l'ouest des Tuileries, et ce jusqu'aux collines de Chaillot.
Ce nouveau lieu de promenade présente un triple avantage : il est ouvert sur la ville (contrairement au Cours-la-Reine), il est utilisé comme voie de communication, il est ouvert à tous (contrairement aux Tuileries). Dès 1719, un arrêt qualifie les Champs-Elysées de "promenade". Les plantations sont constituées de longues allées avec, çà et là, des carrés engazonnés qui permettent aux promeneurs de profiter du soleil tout en s'exposant aux regards.
En 1771, le transfert de la foire St Ovide de la place Vendôme à la place Louis XV va renforcer l'intérêt des Parisiens pour cette promenade toute proche. A tel point que dans son Tableau de Paris, Mercier se résigne à ce constat : "le magnifique jardin des Tuileries est abandonné aujourd'hui pour les allées des Champs-Elysées".
A partir de 1760, un garde suisse nommé Bernard Borde obtient la charge de la location des chaises sur la promenade.
Comme se font entendre de nombreuses plaintes contre la poussière élevée par le passage des voitures, le comte d'Affry (colonel des gardes suisses) propose que la compagnie qui arrose les boulevards prenne également en charge la promenade des Champs-Elysées. Désormais, pendant la période estivale, on arrosera donc toute la zone comprise entre la place Louis XV et le rond point.
Après 1775, l'espace planté entre les allées est définitivement réservé aux piétons (comme sur le boulevards), alors que les voitures doivent emprunter l'allée centrale. Dans le dernier quart du siècle, l'administration royale devra mener un difficile combat contre les spéculateurs et les propriétaires, tous décidés à s'installer à proximité des Champs-Elysées ou du moins à ouvrir l'arrière de leur propriété sur la promenade.
Au moment de la Révolution, le comte d'Angiviller ( en charge de cette promenade) n'est pas peu fier d'avoir résisté aux diverses opérations de spéculation. Il constate même que cette promenade est "fréquentée par tous les ordres" et plus particulièrement par "la moyenne bourgeoisie, parce qu'elle y trouve pour ses enfants dans les jours de fête, l'espace le plus vaste, le plus aéré, le plus sain... à la faveur des cantons interdits aux voitures"
Un honnête homme, sans nul doute...

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