vendredi 4 mars 2011

Se promener à Paris au XVIIIème siècle (5)

C'est à Catherine de Médicis qu'on doit les premières plantations (en 1564) de ce qui deviendra le jardin des Tuileries. Le jardin primitif forme un trapèze de 500 mètres sur 300, composé de pièces de gazons, de parterres fleuris et de deux fontaines ornées de statues. Les différents parallélogrammes sont séparés par six allées qui se croisent pour former une espèce de damier.
La pratique croissante de la promenade va amener le jardinier Mollet à repenser les dimensions des allées : ainsi, pour une allée de 80 mètres de long, il estime qu'il faut respecter une largeur de 7 mètres ; pour une allée de 500 mètres, la largeur sera de 10 mètres. Le plan des travaux est arrêté par Le Nôtre en 1664. Dès l'année suivante, le jardin est relié au palais par une esplanade et quelques marches. Deux terrasses sont aménagées, l'une au nord et l'autre au sud, le long de la Seine. Deux portes permettent d'accéder au jardin, surveillées par des portiers. Ceux-ci sont chargés de refouler les personnes de basse condition. Une ordonnance de 1696 rappelle d'ailleurs que "sa Majesté a de nouveau très expressément défendu...a tous les laquais et autres gens de livrée d'entrer dans lesdits jardins".
La Grande Allée centrale sera la réalisation la plus importante de Le Nôtre : une avenue de 300 mètres de long, plantée d'arbres, allant du bassin octogonal jusqu'au bassin ouest du palais. Les contre-allées sont moins larges, ce qui concentre les promeneurs dans l'allée axiale, qui offre un point de vue sur le palais et la campagne. A la fin du siècle, la baronne d'Oberkirch constate que les Parisiens "ont adopté" cette allée et "ne mettent pas les pieds dans les autres. On y étouffe, on s'y battrait presque." On estime qu'environ un millier de personnes pouvait s'y réunir.
Espace clos réservé à la haute société, la promenade est également pourvue de plus de 150 bancs, destinés à se reposer mais également à regarder passer les piétons...
Dans les Caractères, La Bruyère raille d'ailleurs le rituel qui voit la belle société se rassembler à heure fixe : "L'on se donne à Paris, sans se parler, comme un rendez-vous public, mais fort exact, tous les soirs, au Cours ou aux Tuileries, pour se regarder au visage et se désapprouver les uns les autres."

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