mercredi 23 mars 2011

Rousseau vu par Charles Maurras

Journaliste rattaché au mouvement nationaliste Action Française, Charles Maurras propose en 1942 un portrait édifiant de Rousseau. En voici quelques extraits...


"Ce que je voulais ainsi montrer dans Rousseau, c'était le cas-type de l'insurgé contre toutes les hiérarchies, le cas essentiel de l'individualisme anarchique."
Volontaire ou non, on trouve là le même contresens que chez d'Ormesson, qui fait lui aussi de Rousseau un séditieux et un anarchiste.
Charles Maurras


"En vérité, au degré où voilà le pays déchu, ce n'est pas le moment de ramener qui que ce soit à l'école de Rousseau ni de réhabiliter celui-ci (...) Comment des hommes de moeurs irréprochables et même sévères et pures peuvent-ils honorer l'auteur d'un livre comme les Confessions ? Un personnage comme le héros des Confessions ? (...) Il m'a toujours donné un malaise affreux"
Apôtre de la morale dans un pays vaincu par ses vices autant que par l'ennemi, Maurras joue parfaitement son rôle de Père la vertu. Les instituteurs et les professeurs ne sauraient faire lire un tel ouvrage aux jeunes Français !


"Ce n'est pas la faute du bien s'il est le contraire du mal, et si pourtant un homme qui est ivre ou fou d'optimisme et de philanthropie devient, au premier heurt de la nature ou de la société - du Réel - un misanthrope atrabilaire."
Rousseau, fou d'optimisme ? Voilà qui est surprenant de la part d'un homme qui déclare qu'il n'y a "plus de remède" à la situation politique et sociale en France, "à moins de quelque grande révolution presque aussi à craindre que le mal qu'elle pourrait guérir". La conscience de Rousseau, bien loin d'être optimiste, apparaît au contraire lucide et tragique.


"L'immense majorité de la France catholique du XVIIIème siècle voyait dans sa doctrine ce que les théologiens appellent le Déisme : une immense diminution de leur foi..."
Admettons le déisme de Rousseau, c'est-à-dire le désir de pratiquer une religion naturelle, loin de l'Eglise, sans avoir recours à aucun intermédiaire. Il est pourtant difficile, comme le fait Maurras, de comparer dans ce domaine Rousseau à Diderot et pire encore, à d'Holbach. Car n'oublions pas que la Foi de Rousseau (ou plutôt son retour dans l'Eglise) fut justement l'une des raisons de sa rupture avec les philosophes ! N'est-ce pas lui, d'ailleurs, qui qualifie ainsi  l'Evangile (dans sa Réponse au Roi de Pologne) : "ce divin livre, le seul nécessaire à un chrétien, et le plus utile de tous à quiconque même ne le serait pas..." ?

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