(pour lire la 1ère partie )
En fait, si Diderot éprouve du mépris pour ceux que Marx qualifiera plus tard de Lumpenproletariat, c'est parce qu'il les perçoit comme une masse anonyme, ignorante et facilement remplaçable. "Il ne faut pas perdre du temps et des soins à cultiver l'esprit d'un enfant bouché à qui la nature n'a donné que des bras qu'on enlèverait à des travaux utiles", écrira-t-il en 1775, dans son Plan d'un université pour le gouvernement de Russie.
En fait, si Diderot éprouve du mépris pour ceux que Marx qualifiera plus tard de Lumpenproletariat, c'est parce qu'il les perçoit comme une masse anonyme, ignorante et facilement remplaçable. "Il ne faut pas perdre du temps et des soins à cultiver l'esprit d'un enfant bouché à qui la nature n'a donné que des bras qu'on enlèverait à des travaux utiles", écrira-t-il en 1775, dans son Plan d'un université pour le gouvernement de Russie.
On croirait entendre Voltaire...
Davantage que la naissance, c'est l'utilité de
chaque individu au sein du corps social que Diderot tente de mesurer au
moment d'envisager la société idéale. De son point de vue, un manouvrier
ou un travailleur saisonnier n'occupent pas dans la machine économique
une place aussi importante que l'ouvrier qualifié.
Inspirée par la pensée physiocratique, la réflexion de l'encyclopédiste hiérarchise les différents groupes sociaux en fonction de la place qu'ils occupent dans le double circuit de la production et de la répartition des biens (voir à ce propos le chapitre "Diderot réformateur" de Jacques Proust in Diderot et l'Encyclopédie). Ainsi, l'article Fermier de l'Encyclopédie distingue nettement le cultivateur dont "l'assiduité et l'activité sont les qualités essentielles" et les "rustres" qui "sont pour la plupart comme des automates qui ont besoin à tout moment d'être animés et conduits". Le premier, plus productif, se révèle utile à la nation alors que le second se montre incapable d'exploiter les ressources qu'il possède.
Muni de cette grille de lecture, Diderot peut passer au crible l'ensemble de la société d'Ancien Régime : inutile cette aristocratie versaillaise qui s'enrichit sans jamais rien produire; inutiles ces ordres religieux qui possèdent tant de terres mal exploitées ; inutile cette société de Fermiers Généraux qui bride l'économie du royaume.
Dans l'esprit de Diderot, tous ces privilégiés ne valent guère mieux que la canaille évoquée plus haut.
A l'opposé, un autre groupe obtient toutes ses faveurs : les écrivains, bien sûr, qu'il imaginerait volontiers en conseillers du roi ; mais également les fermiers, les propriétaires, les manufacturiers qui pourraient faire valoir leurs talents et leurs efforts s'ils ne vivaient pas dans une société corsetée par les traditions.
Nulle trace d'humanisme dans ces considérations-là. Sur le plan économique, la réflexion de Diderot est toujours demeurée utilitariste. D'ailleurs, gageons qu'en ce début de XXIème siècle, il aurait à n'en point douter participé au débat sur le travail dominical ! Je vous laisse imaginer quelle aurait été sa position...
Inspirée par la pensée physiocratique, la réflexion de l'encyclopédiste hiérarchise les différents groupes sociaux en fonction de la place qu'ils occupent dans le double circuit de la production et de la répartition des biens (voir à ce propos le chapitre "Diderot réformateur" de Jacques Proust in Diderot et l'Encyclopédie). Ainsi, l'article Fermier de l'Encyclopédie distingue nettement le cultivateur dont "l'assiduité et l'activité sont les qualités essentielles" et les "rustres" qui "sont pour la plupart comme des automates qui ont besoin à tout moment d'être animés et conduits". Le premier, plus productif, se révèle utile à la nation alors que le second se montre incapable d'exploiter les ressources qu'il possède.
Muni de cette grille de lecture, Diderot peut passer au crible l'ensemble de la société d'Ancien Régime : inutile cette aristocratie versaillaise qui s'enrichit sans jamais rien produire; inutiles ces ordres religieux qui possèdent tant de terres mal exploitées ; inutile cette société de Fermiers Généraux qui bride l'économie du royaume.
Dans l'esprit de Diderot, tous ces privilégiés ne valent guère mieux que la canaille évoquée plus haut.
A l'opposé, un autre groupe obtient toutes ses faveurs : les écrivains, bien sûr, qu'il imaginerait volontiers en conseillers du roi ; mais également les fermiers, les propriétaires, les manufacturiers qui pourraient faire valoir leurs talents et leurs efforts s'ils ne vivaient pas dans une société corsetée par les traditions.
Nulle trace d'humanisme dans ces considérations-là. Sur le plan économique, la réflexion de Diderot est toujours demeurée utilitariste. D'ailleurs, gageons qu'en ce début de XXIème siècle, il aurait à n'en point douter participé au débat sur le travail dominical ! Je vous laisse imaginer quelle aurait été sa position...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour commenter cet article...