Florence Gauthier, historienne |
En 1789, face à la crise de la monarchie française, le roi choisit d’ouvrir un processus politique en convoquant les États généraux, avec un suffrage très ouvert pour le Tiers-état : une voix par chef de feu. Notons que les femmes étaient très souvent chef de feu et n’étaient point exclues pour cause de sexe, contrairement aux affirmations récentes à ce sujet.
Cette vieille institution médiévale conservait une représentation de
tous les sujets du roi - séparés en ordres : Clergé, Noblesse,
Tiers-état - et rappelait, par son existence même, que la Constitution
de la monarchie reposait, depuis le Moyen-âge, sur la reconnaissance du
principe de souveraineté populaire. Plus tard, au XVIIe siècle, le roi
de France avait cherché à imposer sa souveraineté et laissé s’endormir
celle du peuple, en ne convoquant plus les États généraux. 1789 la
réveilla et si bien que les électeurs, conscients de la profondeur de la
crise, avaient mandaté leurs députés pour donner une constitution
nouvelle au pays.
Les États généraux, convoqués selon la coutume médiévale le 1er mai,
se réunirent avec quelque retard le 5 mai. Mais, le roi n’évoqua que
l’aspect financier de la crise et le soir même, un petit noyau de
députés se rebellait déjà contre ce refus de les entendre, prenait le
titre de Communes - en référence aux résistances populaires médiévales, nommées Commune ou Union,
comme le fit le Parlement d’Angleterre - et appela tous les députés à
les rejoindre. Le 17 juin, ce noyau de députés ayant grossi, se
déclarait Assemblée nationale et le 20 juin, plus nombreux encore, ajoutait constituante et prêtaient serment de rester unis jusqu’à l’établissement d’une nouvelle constitution.
le 5 mai 1789 |
L’acte 1 de la Révolution venait d’ôter au roi la souveraineté et le pouvoir législatif et les restituait au peuple et à ses mandataires.
À l’époque, peuple et nation étaient des termes
équivalents, juste avant que de subtils juristes adversaires de la
démocratie, n’inventent une distinction entre peuple et nation.
La monarchie réagit par la menace le 24 juin : l’armée est massée
autour de Paris, dont on voyait alors, sur les collines environnantes,
les armes et les canons briller au soleil.
L’impasse dans laquelle se trouvait l’Assemblée nationale
constituante (l’ANC) menacée de répression, provoqua un climat
insurrectionnel dans tout le pays. La Grande espérance née de la
Convocation des États généraux, se mêla de peur, mais celle-ci se
changea en réaction défensive avec l’immense révolution populaire de
juillet 1789, qui fut appelée à l’époque Grande Peur. Elle s’est
déroulée à Paris et dans les provinces et transforma le conflit entre la
monarchie et l’ANC en conflit entre la monarchie et le peuple.
la Grande Peur de l'été 1789 |
Et ce fut l’acte 2 de la Révolution.
- À Paris, les patriotes occupent l’Hôtel de Ville. Les Gardes
françaises, envoyées par le roi, désobéissent, fraternisent avec les
Parisiens et jurent de ne jamais prendre les armes contre le peuple. On
discute de lever une garde parisienne d’environ 50.000 hommes. Le député
Mirabeau soutient la proposition et la fait adopter le 8 juillet.
- L’ANC continue de se réunir à Versailles et prend des
décisions : le 12 juillet, elle affirme son pouvoir législatif en
rejetant les mesures prises par le roi et ses ministres et se déclare
permanente : elle le restera jusqu’au 4 août…
- À Paris, les volontaires cherchent des armes chez les armuriers
et dans les dépôts royaux. Le 13 juillet, c’est l’appel au peuple, des
fraternisations se poursuivent avec plusieurs corps d’armée. Le 14
juillet, la recherche d’armes se poursuit aux Invalides où le
gouverneur, abandonné par ses troupes, doit ouvrir les portes aux
volontaires. La Garde parisienne atteint maintenant, avec l’entrée de
nombreux déserteurs de l’armée royale, 300.000 hommes !
On se porte à la Bastille, cette forteresse qui défendait autrefois
la porte de la ville, et se trouve maintenant au beau milieu du quartier
populaire du Faubourg Saint-Antoine, et toute hérissée de canons !
Après des combats acharnés, le gouverneur cède et abaisse le
pont-levis : la Bastille est prise et sera ensuite détruite, pierre par
pierre, première étape contre le despotisme…
Les troupes royales se retirent : la victoire parisienne a contraint le roi à renoncer à la répression.
Le 15 juillet, à Versailles, l’attitude du roi change : il vient,
sans gardes, déclarer à l’ANC qu’il lui fait confiance. Paris réclame la
présence du roi : il s’y rend le 16 juillet, avec une partie des
députés,et prend la mesure de la force armée du peuple et de la
tranquillité retrouvée, aux cris de Vive la liberté ! Vive la nation !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Pour commenter cet article...