On lui attribue cette Comtesse d'Olonne, comédie érotique en un acte.
***
Le théâtre représente, à
l'ouverture de la pièce, la comtesse d'OIonne couchée sur un lit de repos, sa
femme de chambre assise dans un fauteuil à côté de son oreiller : la comtesse
s'éveille en sursaut, épouvantée du rêve qu'elle vient de faire.
SCÈNE PREMIÈRE
ARGÉNIE, LISE
ARGÉNIE, croyant voir l'ombre du
duc de Candale, son premier amant.
Fantôme impérieux, qui viens mal
à propos.
Condamner mes plaisirs et
troubler mon repos.
Va porter aux enfers ta noire jalousie
Et ne te mêle plus de censurer ma
vie.
Chargé de tant d'horreurs, de
quoi t'avises-tu
De revenir ici me prôner la vertu
?
Ne te souvient-il plus que je
suis une femme
De qui le c.. brûlant sent la
plus vive flamme
Et que de ton vivant, loin de me
soulager,
Cruel, tu débandais, à me faire
enrager?
Non, je ne te crains plus, tes
menaces sont vaines,
Par ton heureux trépas, la mort
brisa mes chaînes :
Depuis ce doux moment, prodiguant
mes faveurs,
J'ai dans mes intérêts réuni tous
les cœurs;
Il faut f..... ou mourir.
LISE
Il faut mourir ou f ..!
Est-ce donc la colère ou l'amour
qui vous outre?
Madame, qu'avez-vous?
ARGÉNIE
Ah ! Lise, quel réveil !
Et que n'ai-je point vu dans mon
triste sommeil ?
Au sortir du repas, me trouvant assoupie.
Sur ce lit de repos je me suis
endormie;
Lorsque, me remplissant et
d'horreur et d’efîroi.
Le jaloux Gandalin a paru devant
moi.
« Infâme, m'a-t-il dit d'une voix
effroyable,
Je viens te reprocher ta vie
abominable ;
Ingrate, as-tu sitôt perdu le
souvenir
De l'estime où mon feu pouvait te
maintenir?
Dans le nombre des morts je
n'étais pas encore
Quand tu m'associas Marcelin et
Bigdore,
Ghrisante, Gastellor,
l'Aventurier, l'Abbé;
Le reste ne vaut pas l'honneur
d'être nommé.
Que tu m'as fait souffrir ! Mais
mon plus grand supplice
Fut de voir quels amants étaient
à ton service;
Que, sans discrétion et sans
cacher ton feu,
Tu fis, de plus en plus, à tout
venant beau jeu.
Va, ton abaissement fait honte à
ma mémoire .
Ma passion à part, il y va de ma
gloire.
Les dieux, pour t'accabler de
malheurs infinis.
Vont t'élargir le c. . . et
raccourcir les v. . . ;
Les plus jeunes fouteurs auront
mille faiblesses;
Toujours à contre-temps tu
lèveras les fesses,
Et tes amants, contraints par une
dure loi,
Au milieu du coït s'endormiront
sur toi.
Pour un gueux impuissant l'amour
te rendra folle.
Tes moindres maux seront
chaude-pisse ou vérole ;
Enfin, bougresse, enfin, pour
avoir trop foutu,
Un chancre confondra ton c. .
avec ton cul. »
A peine eut-il fini ces mots
épouvantables
Qu'il disparut.
LISE
Ciel ! Quels malheurs effroyables
Menacent vos beaux jours ! et
quel affreux tableau !
N'appréhendez-vous pas de tomber
en lambeau ?
ARGÉNIE
On ne peut de frayeur être plus
agitée.
SCÈNE DEUX
ARGÉNIE, GÉLONIDE
La comtesse d'Olonne devient amoureuse du comte de Guiche et consulte
la comtesse de Fiesque.
ARGÉNIE
Vous ne croiriez jamais, aimable
Gélonide,
Que pour prendre un amant je fusse
encor timide.
Cependant, je balance à recevoir
le cœur
D'un garçon de vingt ans, d'un
aimable vainqueur.
Qui me dit chaque jour qu'il
m'aime, qu'il m'adore ;
Vous le connaissez bien, c'est le
charmant Bigdore,
Qui, véritablement, en ressentant
vos coups.
N'a pas eu de sujet de se
plaindre de vous.
Le croyez-vous mon fait? Est-il
homme solide?
Vous m'entendez fort bien, ma
chère Gélonide.
GÉLONIDE
Madame, à tout ceci, d'honneur,
je n'entends rien.
ARGÉNIE
Je parlerai plus clair : ce
garçon f…t-il bien ?
GÉLONIDE
Que dites-vous, madame ? Ah !
l'horrible langage !
ARGÉNIE
Ne le parlez-vous plus, depuis
votre veuvage?
GÉLONIDE
Moi ! je dis tout au plus des
mots à double sens.
ARGÉNIE
Comment nommez- vous donc un v…
en mots décents ?
GÉLONIDE
Si je nommais cela, je dirais une
p....
ARGÉNIE
Ayant le v… au c… vous m'avez
bien la mine
De l'y laisser plutôt jusques au
lendemain
Que d'oser, pour l'ôter, y
toucher de la main.
Mais quittons ce propos, chacun f…t
à sa guise.
Bannissons les façons, parlons
avec franchise :
Que me conseillez-vous sur ce
nouveau fouleur ?
GÉLONIDE
On ne prend là-dessus avis que de
son cœur.
Pour moi, j'ai cru le mien;
croyez-en donc le vôtre,
Il vous conseillera beaucoup
mieux que tout autre.
ARGÉNIE
Le mien sur ce fouteur ne pense
rien de bon.
Et mille gens m'ont dit qu'il
n'aimait pas le c…
Au contraire, on m'a dit qu'il
est de la manchette.
Et que faisant semblant de le
mettre en levrette,
Le drôle, en vous parlant toujours
de grand chemin,
Comme s'il se trompait, enfilait
le voisin ;
Par inclination, c'est un
branleur de pique.
GÉLONIDE
Et qui cherche le c… par pure
politique.
ARGÉNIE
Que dites-vous, madame, et
comment parlez-vous ?
GÉLONIDE
On apprend à hurler, aux bois,
avec les loups.
ARGÉNIE
Je suis de votre avis, madame, je
l'approuve.
Mais je suis la brebis pour
foutre et vous la louve.
( à suivre )
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