lundi 11 août 2014

Mme du Châtelet vue par Sainte-Beuve (2)

Critique littéraire et écrivain, Charles-Augustin Sainte-Beuve a également été un observateur avisé du siècle des Lumières. Dans ses Causeries du Lundi, il a notamment brossé les portraits des grandes salonnières du XVIIIè siècle. 

 

Si vous êtes femme, si vous êtes sage, et si votre coeur, tout en prenant feu, se donne encore le temps de choisir, écoutez un conseil: n’aimez ni Voltaire, ni Jean-Jacques, ni Goethe, ni Chateaubriand ; si par hasard il vous arrive de rencontrer de tels grands hommes sur votre chemin. Aimez... qui donc? Aimez qui bonnement et pleinement vous le rende, aimez qui ait à vous offrir tout un coeur, n’eût-il aucun nom célèbre et ne s’appelât-il que le chevalier Des Grieux. Un Des Grieux honnête et une Manon sage, voilà l’idéal de ceux qui savent être heureux en silence: la gloire en tiers dans le tête-à-tête ne fait que tout gâter. 
Emilie du Châtelet

     Mais, nous autres moralistes, nous en parlons bien aise et les choses de la vie ne se règlent pas en si parfaite mesure. Mme du Châtelet aime Voltaire, et, en se rendant compte de tout à elle-même, elle passe outre, elle est entraînée. Au fond, il aime mieux (et elle le sait bien) donner jour à sa Métaphysique et la produire en lumière, que de la sacrifier sans bruit à l’amour et au bon sens: c’est bien là l’homme de lettres dans sa vérité de nature. Et elle-même qui se plaint, ne l’aime-t-elle pas un peu pour tout cela, pour « ces lauriers qui le suivent partout? » Elle a beau ajouter: « Mais à quoi lui sert tant de gloire? un bonheur obscur vaudrait bien mieux. » S’il avait choisi et embrassé cette obscurité qu’elle lui désire, elle ne l’aurait peut-être pas choisi lui-même, et sans doute elle l’en aimerait moins.
     Laissons donc aller les choses, et contentons-nous de les voir comme elles sont. Ce fut pourtant là le point par où manqua finalement cette liaison de Mme du Châtelet et de Voltaire: celui-ci fut plus homme de lettres qu’amant. Au fond, Voltaire n’était pas et ne pouvait être un véritable amant. Il n’avait que des admirations d’esprit, et était surtout capable d’amitié. Presque dès le début de sa liaison avec Mme du Châtelet, il put lui dire et lui redire ces vers charmants:
 
Si vous voulez que j’aime encore,
Rendez-moi l’âge des amours...


     Elle acceptait toutefois cette situation inégale, et jusqu’à un certain point pénible; durant des années elle s’y montra constante et fidèle. Ce furent les torts de Voltaire, et, si je puis dire, ses infidélités littéraires, qui la dégagèrent insensiblement. Dès le mois de février 1735, durant ce séjour qu’il fait en Hollande, elle a à se plaindre de lui; il a bien plus à coeur de publier ses oeuvres et sa philosophie, coûte que coûte, que de revenir vers l’amie qui l’appelle et qui l’implore:
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     « Il est affreux d’avoir à me plaindre de lui, écrit Mme du Châtelet à d’Argental; c’est un supplice que j’ignorais. S’il vous reste encore quelque pitié pour moi, écrivez-lui; il ne voudra point rougir à vos yeux: je vous le demande à genoux... Si vous aviez vu sa dernière lettre, vous ne me condamneriez pas; elle est signée, et il m’appelle Madame! C’est une disparate si singulière, que la tête m’en a tourné de douleur. »

     Ses torts en ce genre se renouvelèrent quelques années après. En 1738, par exemple, au moment où Mme de Grafigny tomba à Cirey, Voltaire était dans une de ces crises et de ces quintes littéraires qui « altéraient tout à fait la douceur charmante de ses moeurs. » Un libelle de l’abbé Des Fontaines l’avait tellement mis hors de lui, qu’il voulait, à chaque poste où il recevait des lettres, partir pour Paris, voir les ministres, le lieutenant-criminel, présenter requête, porter plainte, que sais-je? poursuivre à extinction sa vengeance. Mme du Châtelet ne pouvait réussir à lui rendre le calme et à lui persuader que le bonheur de deux êtres choisis, qui cultivent ensemble la philosophie et les lettres, ne saurait dépendre de misérables insultes parties de si bas. Le paradis terrestre de Cirey était devenu un enfer de tracasseries et d’inquiétudes: " En vérité il est bien dur, disait-elle, de passer sa vie à batailler dans le sein de la retraite et du bonheur. Mon Dieu, s’il nous croyait tous deux (d’Argental et elle), qu’il serait heureux!"
Mme de Graffigny
     Ce fut bien pis quand, trois ou quatre années plus tard, pendant le séjour qu’ils font à Bruxelles à l’occasion du procès de Mme du Châtelet, Voltaire lui échappe complètement pour la politique. Il s’était avisé de se faire donner une mission secrète de la part du ministère français auprès du roi de Prusse. Je ne sais quelle ambition diplomatique, la tentation d’une autre carrière, peut-être le simple attrait de la nouveauté, le tiennent à ce moment; il part, il court les petites principautés; il va de Berlin à Brunswick, à Baireuth (octobre 1743): « Il est ivre absolument, il est fou des Cours et d’Allemagne. » Le roi de Prusse est évidemment le grand rival de Mme du Châtelet à cette heure; singulier rival, ajoute-t-elle amèrement. Elle reste des semaines entières sans nouvelles de son ami; elle n’apprend plus ses marches et démarches que par les Gazettes; son coeur est froissé:
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     « Que de choses à lui reprocher! et que son coeur est loin du mien!... Avoir à me plaindre de lui est une sorte de supplice que je ne connaissais pas... Tout ce que j’ai éprouvé depuis un mois détacherait peut-être toute autre que moi; mais, s’il peut me rendre malheureuse, il ne peut diminuer ma sensibilité... Son coeur a bien à réparer avec moi, s’il est encore digne du mien. »

     Évidemment, et quoi qu’elle en dise, elle se détache. Ces pénibles impressions purent s’adoucir et se recouvrir durant les années suivantes, quand Voltaire, son premier caprice épuisé, parut être rentré dans le cercle magique de Cirey; mais il en demeura une conviction triste et acquise au fond du coeur de Mme du Châtelet. Nous en retrouvons la trace et le témoignage dans un petit Traité qu’elle écrivit vers ce temps sur le Bonheur.
     Ce petit Traité, qui renferme des réflexions fermes et hautes, des remarques fines, et rendues dans un style net et vif, avec un vrai talent d’expression, a un défaut: il est sec et positif; il a ce cachet de crudité qui déplaît tant au milieu des meilleures pages du XVIIIe siècle, et qui fait que la sagesse qu’on y prêche n’est pas la véritable sagesse. Oh! que le souffle de Platon semble donc loin, et que sa grâce divine est envolée! Pour être heureux, dit Mme du Châtelet, il faut « s’être défait des préjuges, être vertueux, se bien porter; avoir des goûts et des passions, être susceptible d’illusion. » Elle commence par poser en principe « que nous n’avons rien à faire en ce monde qu’à nous y procurer des sensations et des sentiments agréables. » Cela peut être vrai philosophiquement; mais, présentée de cette manière et avec cette crudité, une telle proposition, sous forme de théorème, a un air peu moral et tout physique qui déplaît, et presque qui offense. Mme du Châtelet distingue fort entre les préjugés et les illusions; elle veut supprimer les uns et conserver les autres. L’illusion lui semble nécessaire; elle veut qu’on se la donne; que, loin de la dissiper, « on épaississe le vernis qu’elle met sur la plupart des objets. » Mais le propre de l’illusion, c’est qu’elle est et qu’elle ne se donne pas. L’arc-en-ciel léger qu’elle jette sur les choses ressembla-t-il donc jamais à une couche plus ou moins épaisse de vernis qu’on y met à volonté? Mme du Châtelet croit les passions nécessaires au bonheur; à défaut de passions, elle demande au moins des goûts. Parmi ces passions et ces goûts, dont elle raisonne très bien et en parfaite connaissance de cause, il en est qu’elle introduit à côté des autres presque sur un pied d’égalité, et qui déplaisent, tels que la gourmandise, le jeu. Elle parle de l’amour avec vérité, avec justesse, mais sans ce tact délicat qui le respecte. Elle insiste fort sur la direction positive qu’il faut se tracer et suivre, sans regret, sans repentir, sans plus regarder en arrière une fois qu’on s’est dit d’aller; il faut partir d’où l’on est et vouloir ce qu’on veut: « Décidons-nous, dit-elle en concluant, sur la route que nous voulons prendre pour passer notre vie, et tâchons de la semer de fleurs. » Tâchons, en effet; mais cet effort se marque trop, et ce propos si déterminé de semer des fleurs est tout fait pour les empêcher d’éclore. En général, ce qui manque dans tout ce morceau sur le Bonheur, c’est quelques-unes de ces fleurs mêmes dont parle l’Hippolyte d’Euripide, fleurs encore tout humides de rosée, et qui ont été cueillies dans la prairie qui arrose la pudeur.
   
la traduction de Newton
  Mme du Châtelet met au premier rang des conditions du bonheur, de se bien porter; c’est juste, mais elle le dit en physicienne et sans charme. Simonide le disait mieux dans des vers dont voici le sens: « La santé est le premier des biens pour l’homme mortel; le second, c’est d’être beau de nature; le troisième, c’est d’être riche sans fraude; et le quatrième, c’est d’être dans la fleur de jeunesse entre amis. » Ces traités où la théorie s’évertue à démontrer les machines et les industries de détail du bonheur, et à inventer à grand-peine ce qui naît de soi-même dans la saison, me rappellent encore un joli mot de D’Alembert, et qui ne sent pas trop le géomètre: « La philosophie s’est donné bien de la peine, dit-il, pour faire des Traités de la vieillesse et de l’amitié, parce que la nature fait toute seule les traités de la jeunesse et de l’amour. »
     Il est pourtant des endroits bien sentis dans le Traité de Mme du Châtelet: elle y parle dignement de l’étude, qui « de toutes les passions, est celle qui contribue le plus à notre bonheur; car c’est celle de toutes qui le fait le moins dépendre des autres. » Elle indique avec élévation, et comme dans un lointain où elle aspire, le noble but de la gloire. Elle y parle très bien aussi, nudité à part, et d’une manière vive et sentie, de l’amour; elle le proclame le premier des biens s’il est donné de l’atteindre, le seul qui mérite qu’on lui sacrifie l’étude elle-même. Elle dirait presque ici comme le poète:
Il est, il serait tout, s’il ne devait finir!

     Elle se trace l’idéal de deux personnes « qui seraient faites à tel point l’une pour l’autre, qu’elles ne connussent jamais la satiété ni le refroidissement. » Mais un tel accord de deux êtres si à l’unisson lui semble trop beau: « Un coeur capable d’un tel amour, dit-elle, une âme si tendre et si ferme, semble avoir épuisé le pouvoir de la Divinité; il en naît une en un siècle; il semble que d’en produire deux soit au-dessus de ses forces, ou que, si elle les avait produites, elle serait jalouse de leurs plaisirs si elles se rencontraient. » Et, se rabattant alors à une liaison moins égale et moins haute, elle estime que l’amour peut encore nous rendre heureux à moins de frais; « qu’une âme sensible et tendre est heureuse par le seul plaisir qu’elle trouve à aimer. » Ici, elle pense évidemment à elle-même; elle se flatte d’avoir reçu du Ciel une de ces âmes tendres et immuables (voilà le coin d’illusion), qui savent se contenter d’une seule passion, même quand elle n’est plus partagée, et qui restent à jamais fidèles à un souvenir:
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     « J’ai été heureuse pendant dix ans, avoue-t-elle, par l’amour de celui qui avait subjugué mon âme, et ces dix ans, je les ai passés tête à tête avec lui, sans aucun moment de dégoût et de langueur. Quand l’âge et les maladies ont diminué son goût, j’ai été longtemps sans m’en apercevoir: j’aimais pour deux; je passais ma vie entière avec lui, et mon coeur, exempt de soupçons, jouissait du plaisir d’aimer et de l’illusion de se croire aimé. Il est vrai que j’ai perdu cet état si heureux, et que ce n’a pas été sans qu’il m’en ait coûté bien des larmes. »

     En écrivant ces pages, elle se flattait encore qu’elle tiendrait bon dans ce qu’elle appelait l’immutabilité de son coeur, et que le sentiment paisible de l’amitié, joint à la passion de l’étude, suffirait à la rendre heureuse. Elle avait quarante ans sonnés, et, stoïcienne, géomètre comme elle l’était, elle pouvait se croire au port, lorsqu’étant allée passer avec Voltaire une partie des années 1747 et 1748 à Commercy et à Lunéville, à la petite Cour de Lorraine, voici en deux mots ce qui arriva.
     Elle y rencontra, dans la société de la marquise de Boufflers, un homme de trente ans, fin, agréable, spirituel, bien que d’un esprit assez sec et aride, connu seulement alors par une Épître à Chloé, assez jolie pièce dans le genre sensuel; c’était M. de Saint-Lambert. Il fut galant près d’elle; elle oublia pour lui ses réflexions philosophiques, ou plutôt elle s’en ressouvint: sentant renaître en elle la passion, elle la prit au mot, et, mettant ses principes en action, elle s’y livra. Les conséquences de cette liaison nouvelle sont assez connues; il s’ensuivit l’aventure à demi grotesque, indécente et funeste, qui occupa tant la société d’alors, et qui amena la mort de Mme du Châtelet, à Lunéville, six jours après son accouchement, le 10 septembre 1749.
St Lambert
     Dans un remarquable travail sur Mme du Châtelet, Mme Louise Colet a publié quelques lettres d’elle à Saint-Lambert, ainsi que des réponses de celui-ci. Ces lettres de Mme du Châtelet, il faut l’avouer, sont charmantes et vraiment tendres; il semble que, sous l’empire d’un sentiment vrai, il se soit fait en elle une sorte de renouvellement de pensée et de rajeunissement. Ce n’est pas qu’elle ne voie au fond à qui elle a affaire en Saint-Lambert; il est jeune, il est léger, elle se méfie:
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     « Vous connaissez les goûts vifs, lui écrit-elle un jour en partant, mais vous ne connaissez point encore l’amour. Je suis sûre que vous serez aujourd’hui plus gai et plus spirituel que jamais à Lunéville, et cette idée m’afflige indépendamment de toute inquiétude. Si vous ne devez m’aimer que faiblement, si votre coeur n’est pas capable de se donner sans réserve, de s’occuper de moi uniquement, de m’aimer enfin sans bornes et sans mesure, que ferez-vous donc du mien?... Vous m’écrirez sans doute, mais vous prendrez sur vous pour m’écrire... J’ai bien peur que votre esprit ne fasse bien plus de cas d’une plaisanterie fine, que votre coeur d’un sentiment tendre; enfin, j’ai bien peur d’avoir tort de vous trop aimer. Je sens bien que je me contredis, et que c’est là me reprocher mon goût pour vous. Mais mes réflexions, mes combats, tout ce que je sens, tout ce que je pense, me prouve que je vous aime plus que je ne dois. »

     Ces lettres à Saint-Lambert sont évidemment d’un coeur plus jeune que celles que nous avons vues, et où elle s’inquiétait si activement de Voltaire. Au souffle d’une passion imprévue, on dirait que cette âme, longtemps contrainte, renaît tout à coup et se réjouit; elle recommence. Il y a des sentiments exprimés avec une extrême délicatesse: « Ma lettre qui est à Nancy vous plaira plus que celle-ci; je ne vous aimais pas mieux, mais j’avais plus de force pour vous le dire: il y avait moins de temps que je vous avais quitté! » La mémoire de Mme du Châtelet avait besoin de la publication de ces Lettres pour se réhabiliter un peu du tort célèbre de cette infidélité dernière.
     Quant aux lettres de Saint-Lambert, elles sont plutôt propres à faire valoir celles de la femme passionnée, mais non pas à justifier son goût pour lui. Il est sec et leste en lui parlant, et sans vraie tendresse; c’est partout un ton pimpant et fringant, un ton de dragon ou de garde française bel-esprit. Il l’appelle mon cher Coeur, il la tutoie perpétuellement; il parle de sa propre mélancolie avec prétention. Enfin c’est la femme, ici, qui se trouve supérieure, comme il arrive si souvent, et elle ne marque son infériorité qu’en se méprenant dans l’objet de son choix.
     L’éclat de l’accident de Mme du Châtelet commença la réputation de Saint-Lambert et le lança brillamment dans le monde. L’impression de cette mort sur Voltaire fut vive et fait honneur à sa sensibilité. Son secrétaire Longchamp nous a raconté dans le plus grand détail la manière dont il prit dès l’origine toute cette aventure, sa colère dès l’abord, et sa fureur de se voir trompé, puis sa résignation à demi risible, à demi touchante. La perte de Mme du Châtelet lui arracha de vraies larmes, interrompues bientôt par quelques-uns de ces mots vifs, pétulants et sensés, comme il ne pouvait s’empêcher d’en dire, et qui donneraient envie de lui appliquer, en le parodiant, un mot d’Homère: il pleurait tout en éclatant de rire. Ainsi, deux ou trois jours après cette mort, comme il s’inquiétait fort d’une bague que portait la marquise, et où devait se trouver son portrait sous le chaton, Longchamp lui dit qu’il avait eu la précaution, en effet, de retirer cette bague, mais que le portrait qu’elle renfermait était celui de M. de Saint-Lambert: « O ciel! s’écrie Voltaire en levant et joignant les deux mains, voilà bien les femmes! J’en avais ôté Richelieu, Saint-Lambert m’en a chassé; cela est dans l’ordre; un clou chasse l’autre: ainsi vont les choses de ce monde. »
     Mme du Châtelet avait à peine fermé les yeux, que Voltaire écrivait à Mme du Deffand, avant toute autre personne, pour lui annoncer cette mort: « C’est à la sensibilité de votre coeur que j’ai recours dans le désespoir où je suis. » Rappelons-nous le portrait satirique; en vérité, l’ami au désespoir s’adressait bien!
     La mort de Mme du Châtelet brisa l’existence de Voltaire et la remit en question. Privé de l’amie qui le fixait et qui tenait pour lui le gouvernail, il ne savait plus que devenir ni à quoi se rattacher. Il fut près de faire un coup de tête. Sa première idée était de se retirer à l’abbaye de Sénones, auprès de dom Calmet, pour s’enfoncer dans l’étude; sa seconde idée fut d’aller en Angleterre auprès de lord Bolingbroke, pour se livrer à la philosophie. Il prit d’abord un parti plus sage, qui était de venir à Paris causer de Mme du Châtelet avec Argental et le duc de Richelieu, et de se distraire en faisant jouer devant lui ses tragédies dans sa propre maison. Mais les cajoleries du roi de Prusse, que Mme du Châtelet avait conjurées de son mieux tant qu’elle avait vécu, revinrent le tenter; il n’y résista plus, et il alla faire, à l’âge de cinquante-six ans, cette triste et dernière école de Prusse, après laquelle seulement il reparut moins agité et, en apparence, un peu plus sage.

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