dimanche 31 août 2014

La Comtesse d'Olonne, comédie érotique (2)


Nicolas Racot de Grandval, né en 1676 à Paris où il est mort le 16 novembre 1753, est un compositeur, claveciniste et auteur dramatique français.
On lui attribue cette Comtesse d'Olonne, comédie érotique en un acte. 


(pour relire le début de la pièce) 

***

SCÈNE III 
{Parodie du « Cid ».)

ARGÉNIE, BIGDORE  

La comtesse d'Olonne, amoureuse du comte de Guiche, l'appelle.

ARGÉNIE

A moi, comte; deux mots.

BIGDORE

Parle. 


ARGÉNIE 

Ote-moi d'un doute : 
Connais-tu bien lypt.. ?

BIDGORE

Oui.

ARGÉNIE

Parlons bas; écoute : 

Sais-tu bien qu'il vaut mieux mille fois que le cul? 
Qu'en tous lieux on t'appelle un bougre, le sais-tu?

BIDGORE

Tels discours sont tenus par dames méprisées.

ARGÉNIE

Non, non ; nous savons bien tes histoires passées.

BIDGORE

A quatre pas d'ici, je t'en éclaircirai.

ARGÉNIE 


Jeune présomptueux!

BIDGORE

Je suis jeune, il est vrai, 

A peine ai-je vingt ans; mais aux c…es bien nées, 
La valeur n'attend pas le nombre des années.

ARGÉNIE

De t'attaquer à moi qui t'a rendu si vain, 

Toi qu'on ne vit jamais le v.. raide à la main?

BIDGORE

Je n'ai, jusqu'à présent, jamais trompé de belles, 

Et ton c…, si tu veux, en saura des nouvelles.

ARGÉNIE

Sais-tu bien qui je suis?

BIDGORE

Oui : tout autre que moi 

Au seul bruit de ton nom pourrait trembler d'effroi. 
Mille et mille fouteurs, crevés à ton service. 
Semblent me présager un semblable supplice. 
J'attaque en téméraire un c… toujours vainqueur ; 
Mais j'aurai trop de force, ayant assez de cœur . 
A qui f…t Argénie il n'est rien d'impossible. 
Ton c… est invaincu, mais non pas invincible.

ARGÉNIE

La grandeur qui paraît aux discours que tu tiens, 

Par tes yeux chaque jour se découvrait aux miens ; 
Et, croyant voir en toi l'honneur de la jeunesse, 
Mon cœur te destinait en secret sa tendresse. 
Il est vrai que le bruit de ton peu de vigueur 
Avait, non sans raison, ralenti mon ardeur; 
Mais puisqu'il est certain, et qu'enfin tu m'assures 
Que tout ce qu'on a dit est autant d'impostures, 
Je viens t'offrir mon c…, m'abandonner à toi, 
Et me faire un plaisir de recevoir ta foi.

(Le comte de Gaiche en veut Jouir ; il se trouve impuissant et veut s'excuser en disant :)

BIGDORE

Madame, pardonnez à ce triste accident, 

Il vient de trop d'amour.

ARGÉNIE

Ah ! ne m'aimez pas tant 

Si votre trop d'amour cause votre impuissance, 
Honorez-moi, seigneur, de votre indifférence; 
Mais, puisque le destin vous a fait pour les culs, 
Pourquoi diable songer à faire des cocus ? 
Apprenez, apprenez enfin à vous connaître ; 
Sortez, ou je vous fais jeter par la fenêtre.


SCÈNE IV 

Le comte de Guiche, après avoir raconté son aventure à Manicamp, son giton, lui dit :

BIGDORE

Saisi du plus juste dépit. 

Je voulais me couper le v… ; 
Ma résolution fut vaine : 
Le cruel auteur de ma peine. 
Que la peur avait tout glacé 
Tout malotru, tout replissé, 
Était allé chercher son centre 
Et s'était sauvé dans mon ventre. 
Ne pouvant donc rien faire à ce bougre de v... 
Voilà ce qu'à peu près ma colère lui dit : 
« Toi qui fais le vaillant quand tu ne vois personne 
Et sur la foi duquel est fou qui s'abandonne. 
Infâme traître, à qui je peux donner le nom 
D'une partie honteuse, avec juste raison ; 
Toi qui ne pris jamais les gens que par derrière. 
Et par qui je ressemble au maréchal, mon père. 
Dis-moi pourquoi la peur t'a si fort raccourci : 
Que t'ai-je fait, ingrat, pour me traiter ainsi? » 
Mais, le lâche ! l'œil morne et la tête baissée, 
Semblait se conformer à ma triste pensée; 
C'était du temps perdu que lui rien reprocher : 
Il était à ma voix aussi sourd qu'un rocher.

SCÈNE V ET DERNIÈRE  

ARGÉNIE, BIGDORE
(Le comte de Guiche retourne à la comtesse d'Olonne et s'en acquitte à son honneur; elle lui dit :)
ARGÉNIE 


Je reconnais, seigneur, que j'étais dans l'abus. 
Or qu'aimez-vous le mieux ou des c... ou des culs? 
A présent vous avez de tous deux connaissance.

BIGDORE

Je fais des c... aux culs beaucoup de différence. 

Et si jusqu'à présent j'ai mieux aimé les culs. 
Reine, c'est que les c... ne m'étaient pas connus. 
Si faut-il convenir qu'on n'en peut voir un autre 
Plus haut, ni plus brillant, plus charmant que le vôtre. 
N'est-il pas vrai, mon cœur?

ARGÉNIE

Je crois, sans vanité. 

Qu'il n'en est pas beaucoup de cette qualité; 
Les enfants n'en ont pas fort ouvert le passage. 
Et tout le monde y trouve un air de pucelage.


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