jeudi 25 septembre 2014

Recueil de bons mots du XVIIIème siècle... (4)

Comme le montre admirablement Ridicule, le film de Patrice Leconte, le sens de la répartie joue un rôle capital dans les salons des Lumières. Certains s'y exercent et le cultivent (songez au personnage incarné par Jean Rochefort) ; pour d'autres, anonymes ou personnages célèbres, ces saillies seraient presque naturelles...
Par ces quelques bons mots, glanés çà et là dans l'histoire du XVIIIè siècle, j'aimerais rendre hommage au bel esprit...




Des femmes qui avaient été voir des fous, demandèrent à l'un d'eux de leur donner trois numéros pour la loterie; le fou écrivit trois numéros sur un papier qu'il avala, et leur dit : " Mesdames, demain vos numéros sortiront."

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Un domestique tenta de se noyer ; son maître, qui s'en aperçut, arriva à temps pour le sauver. Le maître ordonna à un de ses gens d'avoir l'œil sur lui, et de l'empêcher, dans le cas où il voudrait récidiver. Le malheureux, ne pouvant se noyer, prit le parti de se pendre. Le maître, de retour, surpris de ce que l'autre ne l'en avait pas empêché, lui en fit de violents reproches. Celui-ci lui répondit : « Ma foi, monsieur, j'ai cru qu'il s'était mis là pour se sécher. »

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Un mari qui avait une femme fort laide, la trouva couchée avec un homme; il dit au galant sans se fâcher : « Eh, monsieur, vous n'y étiez point obligé. »


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Un marquis disait hautement à un financier: « Vous devez savoir que je suis un homme de qualité. — Hé bien, dit le financier, si vous êtes un homme de qualité, moi je suis un homme de quantité. »


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Un curé donnant dans un rigorisme excessif, soutenait que les festins des noces étaient de l'invention du diable. Quelqu'un lui objecta que Jésus Christ avait pourtant assisté aux noces de Cana , et qu'il y fit même son premier miracle pour prolonger la gaité du festin. Le curé, embarrassé, répondit en grommelant: " Ce n'est pas ce qu'il a fait de mieux."


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Fontenelle, à l'âge de quatre-vingt-douze ans, alla voir dans la matinée une très aimable femme qu'il estimait beaucoup; la dame sachant que c'était lui, parut bientôt dans son déshabillé, et lui dit: « Vous voyez, monsieur, qu'on se lève pour vous. — Oui, répondit Fontenelle, mais vous vous couchez pour un autre, dont j'enrage. »
Fontenelle

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On parlait d'une femme qui s'était reprise d'inclination pour son mari. « Vous verrez, dit madame du Deffand, que c'est une envie de femme grosse. »


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Une jeune courtisane disait qu'elle connaissait les livres de morale. " Oui, dit un plaisant, comme les voleurs connaissent la gendarmerie. "


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Une femme étant en mal d'enfant, criait, ainsi que c'est l'usage; mais surtout s'exhalait en imprécations. Son mari, présent à ce spectacle , tâchait de la rassurer, en lui disant : «Allons, apaise-toi; quand tu jurerais, cela n'avancerait de rien; c'est du courage qu'il faut.Va , lui répondit-elle , ce n'est pas à toi que j'en veux. »

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Une demoiselle qui se piquait d'être belle, quoiqu'elle eût les yeux un peu louches et assez rades, se vantait avec orgueil dans une compagnie, qu'un duc et pair lui avait fait longtemps les yeux doux : « Avouez, mademoiselle, lui dit quelqu'un , qu'il y a fort mal réussi. »

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