mardi 23 septembre 2014

Article "Dimanche", Encyclopédie

Octobre 1754. Dans le tome 4 de l'Encyclopédie, on trouve cet article très éclairant de l'économiste Faiguet de Villeneuve.  A noter que ce même Faiguet sera quelques années plus tard (en 1763) l'auteur d'un essai intitulé l'Econome politique, projet pour enrichir et perfectionner l'espèce humaine. Tout un programme !
 
le dimanche, jour de débauche...

DIMANCHE, s. m. (Hist. & Discipl. ecclésiast.) jour du Seigneur. Le dimanche considéré dans l’ordre de la semaine, répond au jour du Soleil chez les Païens ; considéré comme fête consacrée à Dieu, il répond au sabbat des Juifs, et en est même une suite (...)
L’Église ordonne pour le dimanche de s’abstenir des œuvres serviles, suivant en cela l’institution du Créateur : elle prescrit encore des devoirs et des pratiques de piété ; en un mot un culte public et connu. La cessation des œuvres serviles est assez bien observée le dimanche, et il est rare qu’on manque à cette partie du précepte, à moins qu’on n’y soit autorisé par les supérieurs, comme il arrive quelquefois pour des travaux publics et pressants, ou pour certaines opérations champêtres qu’il est souvent impossible de différer sans s’exposer à des pertes considérables, et qui intéressent la société. On a beaucoup moins d’égard pour les fêtes, et je remarque depuis quelque temps à Paris que plusieurs ouvriers, les maçons entre autres, s’occupent de leur métier ces jours-là, comme à l’ordinaire, même en travaillant pour des particuliers.
M. l’abbé de Saint-Pierre qui a tant écrit sur la science du gouvernement, ne regarde la prohibition de travailler le dimanche (Voyez œuvres politiq. tome VII. p. 73 & suivantes), que comme une règle de discipline ecclésiastique, laquelle suppose à faux que tout le monde peut chômer ce jour-là sans s’incommoder notablement. Sur cela il prend en main la cause de l’indigent (ibid. p. 76.) et non content de remettre en sa faveur toutes les fêtes au dimanche, il voudrait qu’on accordât aux pauvres une partie considérable de ce grand jour pour l’employer à des travaux utiles, et pour subvenir par là plus sûrement aux besoins de leurs familles. Au reste on est pauvre, selon lui, dès qu’on n’a pas assez de revenu pour se procurer six cents livres de pain. A ce compte il y a bien des pauvres parmi nous.
l'abbé de Saint-Pierre
Quoi qu’il en soit, il prétend que si on leur accordait pour tous les dimanches la liberté du travail après midi, supposé la messe et l’instruction du matin, ce serait une œuvre de charité bien favorable à tant de pauvres familles, et conséquemment aux hôpitaux ; le gain que feraient les sujets par cette simple permission, se monte, suivant son calcul, à plus de vingt millions par an. Or, dit-il (ibid. p. 74), quelle aumône ne serait-ce point qu’une aumône annuelle de vingt millions répandue avec proportion sur les plus pauvres ? N’est-ce pas là un objet digne d’un concile national qui pourrait ainsi perfectionner une ancienne règle ecclésiastique, et la rendre encore plus conforme à l’esprit de justice et de bienfaisance, c’est à-dire plus chrétienne dans le fond qu’elle n’est aujourd’hui ? A l’égard même de ceux qui ne sont pas pauvres, il y a une considération qui porte à croire que si après la messe et les instructions du matin, ils se remettaient l’après-midi à leur travail et à leur négoce, ils n’iraient pas au cabaret dépenser, au grand préjudice de leurs familles, une partie de ce qu’ils ont gagné dans la semaine ; ils ne s’enivreraient pas, ils ne se querelleraient pas, et ils éviteraient ainsi les maux que causent l’oisiveté et la cessation d’un travail innocent, utile pour eux et pour l’état. (...)
Pierre Gattaz (président du Medef) :"Tout ce qui détruit de l’emploi est une mauvaise solution. ça vaut pour le travail le dimanche"  


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