Octobre 1754. Dans le tome 4 de l'Encyclopédie, on trouve cet article très éclairant de l'économiste Faiguet de Villeneuve. A noter que ce même Faiguet sera quelques années plus tard (en 1763) l'auteur d'un essai intitulé l'Econome politique, projet pour enrichir et perfectionner l'espèce humaine. Tout un programme !
DIMANCHE, s. m. (Hist. & Discipl. ecclésiast.) jour du Seigneur. Le dimanche
considéré dans l’ordre de la semaine, répond au jour du Soleil chez les
Païens ; considéré comme fête consacrée à Dieu, il répond au sabbat des
Juifs, et en est même une suite (...)
L’Église ordonne pour le dimanche de s’abstenir des œuvres
serviles, suivant en cela l’institution du Créateur : elle prescrit
encore des devoirs et des pratiques de piété ; en un mot un culte
public et connu. La cessation des œuvres serviles est assez bien
observée le dimanche, et il est rare qu’on manque à cette
partie du précepte, à moins qu’on n’y soit autorisé par les supérieurs,
comme il arrive quelquefois pour des travaux publics et pressants, ou
pour certaines opérations champêtres qu’il est souvent impossible de
différer sans s’exposer à des pertes considérables, et qui
intéressent la société. On a beaucoup moins d’égard pour les fêtes, et je remarque depuis quelque temps à Paris que plusieurs ouvriers,
les maçons entre autres, s’occupent de leur métier ces jours-là, comme à
l’ordinaire, même en travaillant pour des particuliers.
M. l’abbé de Saint-Pierre qui a tant écrit sur la science du gouvernement, ne regarde la prohibition de travailler le dimanche (Voyez œuvres politiq. tome VII. p. 73 & suivantes),
que comme une règle de discipline ecclésiastique, laquelle suppose à
faux que tout le monde peut chômer ce jour-là sans s’incommoder
notablement. Sur cela il prend en main la cause de l’indigent (ibid. p. 76.) et non content de remettre en sa faveur toutes les fêtes au dimanche,
il voudrait qu’on accordât aux pauvres une partie considérable de ce
grand jour pour l’employer à des travaux utiles, et pour subvenir
par là plus sûrement
aux besoins de leurs familles. Au reste on est pauvre, selon lui, dès
qu’on n’a pas assez de revenu pour se procurer six cents livres de pain.
A ce compte il y a bien des pauvres parmi nous.
l'abbé de Saint-Pierre |
Quoi qu’il en soit, il prétend que si on leur accordait pour tous les dimanches
la liberté du travail après midi, supposé la messe et l’instruction
du matin, ce serait une œuvre de charité bien favorable à tant de
pauvres familles, et conséquemment aux hôpitaux ; le gain que
feraient les sujets par cette simple permission, se monte, suivant son
calcul, à plus de vingt millions par an. Or, dit-il (ibid. p.
74), quelle aumône ne serait-ce point qu’une aumône annuelle de vingt
millions répandue avec proportion sur les plus pauvres ? N’est-ce pas là
un objet digne d’un concile national qui pourrait ainsi perfectionner
une ancienne règle ecclésiastique, et la rendre encore plus conforme à
l’esprit de justice et de bienfaisance,
c’est à-dire plus chrétienne dans le fond qu’elle n’est aujourd’hui ? A
l’égard même de ceux qui ne sont pas pauvres, il y a une considération
qui porte à croire que si après la messe et les instructions du
matin, ils se remettaient l’après-midi à leur travail et à leur
négoce, ils n’iraient pas au cabaret dépenser, au grand préjudice de
leurs familles, une partie de ce qu’ils ont gagné dans la semaine ; ils
ne s’enivreraient pas, ils ne se querelleraient pas, et ils
éviteraient ainsi les maux que causent l’oisiveté et la cessation
d’un travail innocent, utile pour eux et pour l’état. (...)
Pierre Gattaz (président du Medef) :"Tout ce qui détruit de l’emploi est une mauvaise solution. ça vaut pour le travail le dimanche" |
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