mardi 12 mai 2015

Voltaire vu par... ses ennemis

Hormis Rousseau, aucun philosophe du XVIIIè siècle ne fut autant haï que Voltaire. Voici ce qu'en disaient certains de ses contempteurs.
 
Voltaire et les paysans de Ferney, par Jean Huber 


Napoléon Bonaparte (1769-1821)



"Si Voltaire surtout a régné sur ses contemporains, s’il a été le héros de son temps, c’est que tous alors n’étaient que des nains. "





Comte Joseph de De Maistre, écrivain et homme politique français (1753-1821)

 " Un homme unique, Voltaire, puisqu’il faut le nommer, à qui l’enfer avait remis ses pouvoirs, se présenta dans cette nouvelle arène, et combla les voeux de l’impiété. Jamais l’arme de la plaisanterie n’avait été maniée d’une façon aussi redoutable, et jamais on ne l’employa contre la vérité avec autant d’effronterie et de succès. Jusqu’à lui, le blasphème, circonscrit par le dégoût, ne tuait que le blasphémateur; dans la bouche du plus coupable des hommes, il devint contagieux en devenant charmant. Encore aujourd’hui l’homme sage qui parcourt les écrits de ce bouffon sacrilège, pleure souvent d’avoir ri. Une vie d’un siècle lui fut donnée, afin que l’Église sortît victorieuse des trois épreuves auxquelles une institution fausse ne résistera jamais: le syllogisme, l’échafaud et l’épigramme. "




L'archevêque d'Auch (1702-1776)

" Quel ennemi de la Religion la France a-t-elle élevé et nourri dans son sein, dans la personne du poète de nos jours! Combien d’aveugles disciples se sont mis à la suite de ce trop fameux maître de l’incrédulité!... Ingrat envers son bienfaiteur et envers sa patrie; philosophe orgueilleux, apostat méprisable, né pour le malheur de son siècle et pour la perte d’une infinité d’âmes, qu’est-il devenu dans l’estime des gens sensés, par l’abus qu’il a fait des dons de Dieu et de la nature? Il se flatte de vivre dans les siècles futurs; mais, si l’histoire en conserve la mémoire, qu’apprendra-t-elle à nos neveux? Qu’il fut un auteur mercenaire, qui varia ses talents, et qui multiplia ses productions par le bas motif d’un vil intérêt; un vagabond, chassé de sa patrie, et fugitif de royaume en royaume.... Un philosophe sans principes, sans consistance, sans système fixe et suivi, toujours flottant à tout vent, et toujours prêt à faire le sacrifice de la raison au brillant d’une pensée; un historien sans foi, qui donne ses idées pour des faits, et qui court après des fictions pour répandre des ridicules sur ce que nous avons de plus sacré; un poète qui aurait excellé, s’il avait embrassé moins d’objets.... Mais par quelles indécences n’a-t-il pas déshonoré ce talent?... Le temps dissipera enfin le prestige qui en fait aujourd’hui un homme si merveilleux. Il se bat en désespéré contre la Religion qui le poursuit."


Charles Palissot, auteur dramatique français (1730-1814)


 " Il ( Voltaire ) était frondeur à Londres, courtisan à Versailles, chrétien à Nancy, incrédule à Berlin. Dans la société il jouait tour-à-tour les rôles d’Aristipe et de Diogène. Il recherchait les plaisirs, les goûtait et les célébrait; s’en lassait et les frondait. Par une suite de ce caractère, il passait de la morale à la plaisanterie, de la philosophie à l’enthousiasme, de la douceur à l’emportement, de la flatterie à la satire, de l’amour de l’argent à l’amour du luxe, de la modestie d’un sage à la vanité d’un grand seigneur. On a dit que, par ses familiarités avec les grands, il se dédommageait de la gêne qu’il éprouvait quelquefois avec ses égaux; qu’il était sensible sans attachement, voluptueux sans passion, ouvert sans franchise, et libéral sans générosité. On a dit qu’avec les personnes jalouses de le connaître il commençait par la politesse, continuait par la froideur, et finissait ordinairement par le dégoût, a moins que ce ne fussent des littérateurs accrédités, ou des hommes puissants qu’il avait intérêt de ménager ou de conserver."

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