Chevalier de Ramsay |
Grand orateur de l'ordre des francs-maçons, le chevalier de Ramsay encourage (dès 1737) les Grands-Maîtres européens de "s'unir pour former les matériaux d'un Dictionnaire Universel des arts libéraux et de toutes les sciences utiles". "On a déjà commencé l'ouvrage à Londres", ajoute-t-il en guise d'encouragement. L'ouvrage auquel il fait référence est le Dictionnaire de Chambers, paru en 1728, dont l'originalité réside dans le ton agressif employé envers le gouvernement et la religion. Réédité dix fois entre 1728 et 1751, ce dictionnaire attire bientôt l'attention du libraire Le Breton, installé à Paris. On ignore si cet homme a appartenu à une loge, mais d'autres personnalités d'envergure telles que le duc d'Antin, Grand-Maître de la franc-maçonnerie française, encourageaient depuis des années le projet d'une traduction de cet ouvrage.
En 1745, Le Breton voit débarquer chez lui un gentilhomme anglais, John Mills, qui lui propose un manuscrit de la traduction de Chambers.Le 25 février 1745, Le Breton obtient le privilège de la Librairie, c'est-à-dire l'approbation des censeurs. Le prospectus publicitaire est aussitôt publié dans le Mercure de France (juillet/août 1745), et la souscription obtient dans la foulée un large succès. A la suite d'une dispute avec Mills, Le Breton décide de poursuivre l'entreprise seul, associé à trois autres libraires parisiens. Il lui faut pourtant un nouveau traducteur, et son choix se porte sur l'abbé de Gua, un géomètre membre de l'Académie des Sciences. Les registres des dépenses de l'Encyclopédie montrent que ce dernier (tout comme d'Alembert) est payé dès le mois de décembre 1745. Diderot, Eidous, Toussaint n'apparaissent sur ces registres qu'en janvier et février 1746.
L'abbé de Gua est placé à la tête du projet le 27 juin 1746. Les libraires s'engagent à lui verser une somme globale de 18000 livres en échange de la livraison de plusieurs volumes.
Cette direction ne durera pourtant que 14 mois.
Car très vite, l'abbé de Gua se révèle incontrôlable. Loin de se contenter d'une simple traduction de Chambers, il entreprend d'enrichir le dictionnaire de nouveaux articles, mais aussi d'en modifier certains autres.
Comme le souligne E. Badinter dans "Les passions intellectuelles", cet abbé aujourd'hui oublié est pourtant "le père originel de l'Encyclopédie".
En août 1747, affolés par les dépenses engagée et agacés par le retard pris, les Libraires décident de rompre leur contrat avec de Gua.
C'est à ce moment que Diderot entre véritablement en scène.
(lire le 2è article)
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