mercredi 25 mai 2011

Les salons parisiens : Mme de la Ferté-Imbault (5)


Si l'Histoire ne retient du XVIIIème siècle que les salons (ou sociétés) ouverts aux philosophes (ceux de Mmes du Deffand, Geoffrin, de Lespinasse...), d'autres cercles comme celui de Mme de la Ferté-Imbault méritent pourtant d'être redécouverts.

Marie-Thérèse Geoffrin
Epouse du marquis de la Ferté-Imbault, la jeune Marie-Thérèse (1715-1791) entre très tôt dans le monde de la haute aristocratie française. Habituée des cercles des Cours de Sceaux ou de Chantilly, elle fréquente également les milieux parlementaires et entre finalement dans l'entourage du Dauphin afin de prendre en charge l'éducation de ses deux fils.

Si la petite histoire est si croustillante, c'est surtout parce que Marie-Thérèse se trouve être la fille de Mme Geoffrin, la célèbre Mme Geoffrin qui tient le non moins célèbre salon de la rue Saint-Honoré. Fontenelle, Marivaux, Montesquieu, Voltaire, d'Alembert, Grimm..., les plus grandes figures littéraires des Lumières ont fréquenté ce lieu. La jeune Marie-Thérèse les a vus à l'oeuvre, semaine après semaine, mois après mois, et après son mariage, elle choisit pourtant de tourner le dos à sa mère et à ses habitués.
En compagnie de son époux, elle continue cependant de vivre dans l'hôtel de la rue St-Honoré. Mais elle s'intéresse désormais aux prédicateurs chrétiens, aux Pères de l'Eglise, et clame ouvertement son peut de goût pour les philosophes modernes. Evidemment, sa mère écume de rage, d'autant que Marie-Thérèse fréquente grâce à son mariage des sphères sociales qu'elle-même n'a jamais su atteindre.

Pire encore, en 1771, Marie-Thérèse décide de créer l'ordre des Lanturelus, et son caractère frondeur l'amène à tenir séance dans le propre salon de sa mère ! Parmi les habitués, des comtes, des ambassadeurs, des religieux, mais pas de philosophe...  En guise d'activités, on propose des énigmes, des épigrammes, des chansons à boire, bref, la bonne humeur doit l'emporter. Marie-Thérèse se proclame immédiatement "Sa très extravagante Majesté lanturelienne" ; la cardinal de Bernis devient "le grand fauconnier" et l'ambassadeur d'Espagne acquiert le statut de "grand favori". Toute forme de sérieux est bannie, et le mot d'ordre est de rompre avec l'esprit des salons philosophiques.
L'ordre des Lanturelus est marqué par un cérémonial qui parodie les pratiques des cercles philosophiques qu'on se plait à railler. Lieu de réunion anti-philosophique, il permet également de faire émerger une contre-culture qui s'oppose au courant de pensée dominant.

Dans son rejet des philosophes, la marquise fait pourtant une exception puisqu'elle admet chez elle Grimm (toujours lui...), l'ami de Diderot et de d'Holbach, dont la présence en ces lieux n'est guère étonnante quand on connaît le personnage...
 

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