vendredi 6 mars 2015

Le sultan à l'ouvrage (conte du XVIIIè siècle)




C'est au milieu de la scène bourgeoise,
Endroits charmants fréquentés dans Paris,
Où se rassemblent et les jeux et les ris,
Que je trouve occupée une jeune bourgeoise,
A ce jeu si plaisant que Priape décrit,
Et que tout mortel aime, armé d'un bon gros vit.

Tout le monde connaît cet abbé V... qui, sur son théâtre du faubourg Saint-Germain, rassemblait les individus de l'un et de l'autre sexe, et comme certain marquis, s'amusait à perforer les uns et les autres.

Que l'on soit bougre en pareil cas,
A Dieu plaise que je n'en glose,
Mais hélas! le foutu tracas,
Quand on s'amuse d'autre chose.

Personne n'ignore que cet abbé était dans l'usage de choisir sa société, et de faire représenter sur son théâtre voluptueux

Air : Eh! toujours va qui dure.

A la suite du grand Brutus,
Les faits de Messaline,
Et puis l'on voyait les vertus,
Et ensuite une pine,
Représenter au naturel
Toute la fouterie;
Ah quel bonheur pour un mortel
De jouir de la vie.


Ce fameux jour devait se jouer Zaïre et la comtesse d'Olonne, Zaïre fut représentée, mais

Zaïre avait tant plu, que l'abbé libertin
Voulut que jusqu'au bout s'accomplit le destin;
Et résolut, en docte foutromane,
De contenter l'amoureux Orosmane;
Et de finir la belle tragédie
En dépit de Voltaire et de l'événement,
Par une aimable parodie
Qui contentât et l'amante et l'amant.
Adressant la parole à ses convives:
Là, dit-il, pour cette pièce
Je ne veux que du foutre, et qu'il coule sans cesse.
Ah ! laissons là d'Olonne et son Guiche moulu;
Le bougre ne sait pas comment on prend un cul.
Ressuscitons ici notre joyeux sultan,
Qu'il foute sa Zaïre au son de ma parole,
Plutôt que d'aller au boucan
Pour y gagner une triste vérole.

Air : La bonne aventure.

La partie fut acceptée,
Suivant le ton, l'allure,
   Orosmane, ainsi fut dit,
Sut rencontrer dans son vit,
La bonne aventure, ô gué!
La bonne aventure!


La toile se leva, et au grand étonnement des spectateurs on vit entrer le sultan bien bandant, et sa Zaïre, jupes et mante retroussées, découvrant aux regards, cul, tétons, motte et con. Après les trois révérences d'usage, ils se placèrent sur un trône destiné à cet effet, quatre gardes les avaient suivis croyant que l'action continuait: Le sultan dit alors:

Cessez donc de pleurer, il est bien temps de rire:
II ne faut plus que foutre, ô ma chère Zaïre;
Votre con ne doit plus subir de la tristesse,
Mon vit ne fut jamais exemple de mollesse,
Branle-moi, mon bijou, je te fous sans tarder;
Et dans peu mon vit prompt saura bien décharger.
Allons, sans balancer il faut que je t'enconne;
C'est moi, c'est un sultan ; obéis : je l'ordonne.

Les spectateurs rirent aux larmes; mais ce fut encore plus quand Orosmane troussant sa déesse, fit voir qu'en effet il était le maître d'un vit. Ah! quel vit! Il enconna sa Zaïre devant l'assemblée auditoire et visuelle. Que taisaient en ce moment les janissaires? Belle demande; ils se branlaient!

Air : Des Marseillais.

Profitant de l'aventure,
Et tout joyeux, tenant leurs vits,
D'un con voyant cette structure,
   Ils se chatouillaient leurs outils (bis).
Puis poussés d'une audace extrême,
Eh quoi! notre vaillant sultan,
Comme en un trop sale boucan,
Eteindra sa fureur suprême.
Branlons-nous lestement, que de chacun de nous
Le vit (bis) en déchargeant donne plaisir à tous.

Il se fit un mouvement convulsif, tout banda, tout déchargea, je fis comme un autre, et revenu de mon délire, je passai au conte quatrième.


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